Chapitre 3 – La fabrique de l’opinion

Ce basculement n’est pas une simple dérive.
Il a été construit. Patiemment. Méthodiquement.

Depuis plusieurs années, une stratégie d’influence subtile est à l’œuvre pour transformer le suicide assisté en « progrès évident ».

Comment fait-on ?

D’abord, on parle d’histoires extrêmes.

  • La jeune femme atteinte d’une maladie neurodégénérative fulgurante.
  • L’homme en fin de vie, en proie à des douleurs terribles que rien ne calme.

On raconte leur parcours avec émotion, avec pudeur.
On les humanise. On les filme. On les met en avant.

Ces histoires existent, bien sûr. Elles sont vraies. Elles sont tragiques.
Mais elles sont rares. Et elles deviennent l’argument massue pour changer la loi pour tous.

Ensuite, on utilise les mots avec soin.

  • « Droit de mourir dans la dignité ».
  • « Accompagnement ultime ».
  • « Liberté suprême ».

Qui oserait s’opposer à la dignité, à la liberté, à la compassion ?
Le terrain est ainsi piégé d’avance.

Refuser l’euthanasie, c’est alors être contre la liberté.
C’est être insensible à la souffrance.
C’est être un passéiste rétrograde.

Puis viennent les visages connus.
Des acteurs, des écrivains, des médecins médiatisés prennent la parole.
Ils racontent leur propre histoire, leur douleur, leur compassion.

Le peuple, fatigué par mille luttes quotidiennes, écoute.
Il compatit. Il baisse la garde.

La question économique, la dégradation des soins palliatifs, la pression sur les plus faibles disparaissent du débat.
On ne parle plus que d’émotions.

Enfin, on utilise l’effet domino.

Dans d’autres pays européens, la même stratégie a été déployée :

  • On commence par les cas les plus graves.
  • Puis on élargit discrètement aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux personnes souffrant de maladies mentales.
  • Puis la mort devient une option banale dans l’arsenal médical.

Les chiffres explosent, mais personne n’ose regarder. La mécanique est en marche.

En France, aujourd’hui, nous en sommes à la première étape. Les cas extrêmes, la compassion médiatique, les mots choisis.

Demain, si nous ne faisons rien, nous découvrirons que la porte entrouverte était en réalité grand ouverte.Et ce jour-là, il sera trop tard pour pleurer sur la « fracture sociale » de la fin de vie. Elle sera devenue une évidence. Une fatalité.