Dans tous les débats, toutes les tribunes, tous les discours officiels, un mot revient en boucle : CHOIX.
On nous répète que légaliser l’euthanasie, c’est offrir aux Français la liberté suprême : choisir quand et comment mourir.
Mais derrière cette belle déclaration de principe, il y a un mensonge immense.
Un choix n’existe que s’il est éclairé et libre.
Si vous proposez à un patient de choisir entre souffrir dans un lit d’hôpital sans soins adaptés ou mourir rapidement, est-ce un vrai choix ?
Si vous laissez une vieille dame seule, sans soutien, sans soin, et que vous lui proposez la piqûre létale, est-ce un choix ?
Si, par économie, vous tarissez l’offre de soins palliatifs, est-ce encore un choix ?
Non.
C’est une mise en scène. C’est un choix forcé.
La liberté n’est réelle que si plusieurs options dignes existent.
Mais dans la France actuelle :
- 30 % des départements n’ont aucune structure de soins palliatifs (1).
- Moins de 1 patient sur 5 bénéficie d’un accompagnement adapté.
- Dans une grande partie du pays, il n’y a tout simplement pas d’équipe mobile de soins palliatifs.
Pour des milliers de malades, l’accompagnement de fin de vie n’est pas une promesse. C’est un mirage.
Dans ces conditions, parler de choix est une insulte.
Un exemple frappant :
En Belgique, l’expérience montre que l’euthanasie n’est pas ce choix clair et serein qu’on voudrait faire croire (2).
Entre 10 et 17 % des patients qui en font la demande changent finalement d’avis en cours de route.
Dans près d’un cas sur quatre, le second médecin sollicité remet en cause l’avis du premier sur des points essentiels : la gravité réelle de la souffrance ou l’existence d’alternatives thérapeutiques.
Et seulement quatre patients sur dix se voient proposer une aide en soins palliatifs avant de prendre leur décision.
Pendant ce temps, la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie belge tire la sonnette d’alarme :
« Sans un renfort immédiat, la continuité des activités de la Commission sera inévitablement mise en péril. »
Cette réalité pose une question grave :
Leur a-t-on vraiment tout proposé pour vivre jusqu’au bout ?
Peut-on encore parler de choix, lorsque le système lui-même chancelle, incapable de garantir ses propres règles, s’il les a jamais pleinement respectées ?
Derrière ces pourcentages et ces données, il y a des vies.
Pas des idéologues. Pas des militants. Des gens réels. Des vies réelles. Des existences que l’on aurait pu prolonger, entourer, chérir.
Et demain en France ?
À mesure que les soins s’effritent, à mesure que la fatigue sociale s’installe, le nombre de ces situations, de ces existences brisées, explosera.
Pas parce que les gens veulent mourir. Mais parce qu’ils ne verront plus comment vivre sans dignité. Parce que le regard que nous porterons sur eux cessera de reconnaître leur valeur. Parce que, peu à peu, nous aurons désappris à voir la dignité dans la fragilité.
Et surtout, parce que nous aurons cessé de leur donner les moyens de vivre jusqu’au bout.
Le faux choix, c’est cela :
- Laisser pourrir l’alternative.
- Présenter la mort comme la liberté.
- Obliger les plus faibles à choisir l’issue la moins pire.
Tout en prétendant qu’il s’agit d’un acte de progrès.
Notes :
(1) Interview de François Bayrou Journal du Dimanche, 4 mai 2025.
(2) Dr Benoit Beuselinck dans le Catholic Herald, octobre 2024 https://thecatholicherald.com/euthanasia-in-belgium-the-dark-slide-into-becoming-normal-option-once-tired-of-life/